Quand la Justice vacille : réflexions autour de l’affaire M. Adam
Depuis plusieurs années, un sentiment de profonde injustice entoure le traitement de l’affaire concernant Monsieur Adam. Bien que l’écoute attentive des plaignants soit une exigence fondamentale, le déroulement de l’enquête et la manière dont le dossier a été instruit soulèvent des inquiétudes majeures. L’examen des faits semble avoir été conduit avec légèreté, influencé par des récits unilatéraux et un contexte médiatique tendu.
Des conclusions rapides ont été tirées, sans recul suffisant, comme si la pression de l’opinion publique et de certains médias suffisait à établir la vérité. Pendant ce temps, un homme reste incarcéré, tandis que ceux qui ont contribué à des accusations douteuses continuent leur vie, hors de toute responsabilité.
Il ne s’agit pas ici de nier les luttes nécessaires en faveur du respect des femmes, ni de minimiser les dérives réelles que certains mouvements ont permis de mettre en lumière. Mais si la défense des victimes est indispensable, elle ne doit jamais se faire au détriment de la recherche impartiale de la vérité. Toute relation humaine repose sur une forme de co-responsabilité. Présenter les femmes comme nécessairement passives, incapables de discernement, sous prétexte d’une “emprise” généralisée, c’est ouvrir la porte à des dérives dangereuses.
L’emprise, lorsqu’elle est utilisée comme un concept universel, devient un leurre. Un véritable enseignement – qu’il soit spirituel ou autre – ne soumet pas, il éclaire. Il ne prive pas de liberté, il invite à la conscience. Dans cette affaire, la notion d’emprise a été brandie comme une évidence, sans qu’elle ne soit réellement démontrée, ni contextualisée.
Par ailleurs, plusieurs irrégularités procédurales ont été constatées dès l’ouverture du procès. Ces anomalies soulèvent une question légitime : relèvent-elles de simples erreurs administratives ou traduisent-elles une volonté d’écarter des éléments favorables à la défense ?
Parmi les points les plus notables : deux témoignages initialement favorables à M. Adam ont été retranscrits de manière inversée par un agent de police, transformant des propos affirmant qu’il avait toujours été respectueux des femmes en l’affirmation contraire ; de même, un courriel essentiel n’a pas été pris en compte, ce qui a eu pour conséquence de réduire de quatorze à sept le nombre de témoins de la défense entendus lors du procès de Nîmes.
De telles irrégularités, qu’elles soient intentionnelles ou non, méritent d’être considérées avec la plus grande attention.
Ces dysfonctionnements donnent l’impression d’une instruction orientée, d’un système qui cherche à faire entrer les faits dans une version préétablie. Dans ce contexte, la défense peine à faire entendre sa voix. Et pourtant, il reste une espérance : celle que les juridictions supérieures, ou simplement des consciences éveillées, prennent le temps d’écouter enfin les voix longtemps ignorées.
Car derrière les stéréotypes souvent véhiculés – “adeptes sous emprise”, “êtres asociaux”, “incapables de pensée critique” – se trouvent des citoyens, des professionnels, des parents, des individus dignes du même respect et des mêmes droits que n’importe qui. Il est temps d’ouvrir les oreilles et les esprits, d’accueillir des récits différents sans les rejeter d’emblée.
Dans ce contexte, un élément ne peut être ignoré : certaines plaignantes ont envoyé à M. Adam des messages de séduction explicites, allant jusqu’à l’envoi de photos d’elles nues. Une question fondamentale se pose alors : ces femmes étaient-elles réellement sous emprise, ou bien consentantes, voire désireuses d’une relation ? Comment concilier de tels agissements avec le portrait de victimes sans défense véhiculé par l’accusation ? Cette contradiction mérite d’être examinée avec sérieux et sans préjugés.
Lors du dernier procès à Nîmes, plusieurs déclarations des plaignants ont suscité une profonde stupéfaction. Certaines relevaient davantage de la fiction que d’un témoignage crédible. L’un d’eux affirmait, par exemple, que M. Adam aurait prétendu pouvoir sauver une vie au Pérou, si on l’avait appelé à temps, et que cela prouverait qu’il se présentait comme un dieu capable de pratiquer des « incantations miraculeuses ». En réalité, M. Adam a simplement expliqué qu’il aurait appliqué un massage cardiaque, un geste de premiers secours que tout citoyen formé peut accomplir. Cet exemple illustre bien la nature des malentendus et exagérations présents dans une série d’accusations rapportées par deux témoins lors du procès.
Une autre plaignante, hospitalisée en psychiatrie, figure pourtant parmi les témoins clés de l’accusation. Peut-on raisonnablement baser une procédure judiciaire sur des témoignages aussi fragiles, sans s’interroger sur la lucidité de leurs auteurs ? Lorsqu’un esprit troublé projette des peurs ou des fantasmes, les faits risquent d’être déformés, amplifiés, voire complètement détournés.
Et pourtant, ces récits – aussi extravagants soient-ils – sont repris sans recul critique par certains médias, voire par la Miviludes, sans que leur véracité ne soit vraiment questionnée.
La justice ne peut se construire sur des récits sensationnalistes, ni sur des images façonnées par la peur ou l’émotion. Si les victimes doivent être protégées, les accusés ont aussi le droit fondamental à une défense équitable. Dans cette affaire, l’équilibre semble avoir été rompu.
Lorsque des témoignages non fondés deviennent la base d’une condamnation, lorsque l’imaginaire l’emporte sur le factuel, ce n’est plus seulement un homme qu’on condamne : c’est un principe fondamental de notre démocratie.